Hypothèses
Durant 2 ateliers d’une journée, l’ensemble des 12 dossiers prospectifs a été présenté aux membres du groupe qui pouvaient les commenter et les compléter. A partir des éléments du dossiers, les hypothèses d’évolution des macro-variables ont été construites collectivement en distinguant :
- Les hypothèses tendancielles : qui renvoient aux dynamiques en cours.
- Les hypothèses contrastées : qui reprennent les incertitudes, les controverses, les germes de changement.
- Les hypothèses de rupture : qui renvoient aux ruptures.
Hypothèse tendancielle : Vers une industrie de process
L’orientation de la production est tournée vers les process, automatisés, standardisés et mieux utilisés. Cela impacte particulièrement les industries de type agro-alimentaire, chimique, pharmaceutique… mais moins celles comme la mécanique, où les particularités ralentissent la standardisation. L’objectif de la production est de produire plus, plus efficacement et moins cher, pour répondre à une demande et à une consommation qui continuent d’augmenter.
Les emplois des entreprises sont majoritairement non-humains et les robots sont très représentés. Le peu d’humains encore présents ont des tâches très spécifiques en lien avec les process et leur maintenance. Des emplois tels que des ingénieurs process, des ingénieurs développement, des ingénieurs logistiques, des techniciens e-maintenance... demeurent humains. Ce transfert de compétences pose de forts questionnements sur les aménagements de formation continue, afin de pouvoir le mener dans les meilleures conditions.
Dans ce modèle, la France reste en retard car l’homme est considéré comme crucial pour la production. Ceci correspond à un point de blocage social fort. L’automatisation des tâches et la présence accrue de robots ne sont pas bien acceptées par la société, créant ainsi une défiance vis-à-vis du monde industriel 4.0.
Hypothèse contrastée : Des arti-usines de proximité
Les modes de production sont ici orientés vers l’unité et le local, en un mot, l’artisanat. L’objectif de la production est de produire moins, mieux et au plus proche. Ceci est possible car une baisse de la consommation et une chasse à la surconsommation s’appuient sur une forte logique de recyclage, de partage et de réparation d’objets déjà existants. On revient à la logique d’artisanat et de débrouillardise des années 1950s, lorsque les gens cherchaient à réutiliser l’existant, quitte à le détourner.
Les biens, services et process ne sont pas standardisés, la production est effectuée par des individus ou de (très) petites entreprises. Ces dernières produisent de manière circulaire et mutualisée dans des fab labs, équipés de la fabrication additive. Les caractéristiques de production d’un meuble sont plus proches de l’ébéniste que d’IKEA.
Les humains y sont encore très présents et même en croissance par rapport aux robots et à l’automatisation. De nouveaux leviers d’emplois dans la réparation, le recyclage… génèrent des perspectives positives, notamment dans le cadre de proximité où la demande est individuelle et non standardisée.
Hypothèse de rupture : Des ressources humaines consommables
Les modes de production sont ici tournés vers la demande, fondés sur peu de standardisation, avec un questionnement sur le statut des ressources humaines au sein des entreprises. Les ressources humaines sont considérées comme des consommables, les entreprises ayant adopté une très forte flexibilité de la production et un cadre de travail moins strict.
Les contrats se montent à la demande, selon les quantités à produire et peuvent fluctuer de manière importante. Pour tenter de maintenir un niveau d’emplois suffisant et ainsi éviter de tomber dans un chômage de masse, ce qui génèrerait un effondrement de la société, des quotas sont établis pour obliger les entreprises à maintenir un certain nombre d’emplois humains.
Les ressources humaines sont ainsi considérées comme du capital physique par les entreprises. L’entreprise est assimilée à un moyen et un lieu de production, les usines sont occupationnelles.
Chaque individu est un auto-entrepreneur devant chercher régulièrement de nouveaux contrats.