Hypothèses
Durant 2 ateliers d’une journée, l’ensemble des 12 dossiers prospectifs a été présenté aux membres du groupe qui pouvaient les commenter et les compléter. A partir des éléments du dossiers, les hypothèses d’évolution des macro-variables ont été construites collectivement en distinguant :
- Les hypothèses tendancielles : qui renvoient aux dynamiques en cours.
- Les hypothèses contrastées : qui reprennent les incertitudes, les controverses, les germes de changement.
- Les hypothèses de rupture : qui renvoient aux ruptures.
Hypothèse tendancielle : Le tout-service dans une croissance stabilisée
Le modèle économique dominant est celui de l’économie de la fonctionnalité, fondée sur le service. La valeur générée prend la forme de locations et d’abonnements notamment.
Cette valeur est majoritairement produite par quelques grosses entreprises, capables de repérer des individus de talent, ayant une expertise précise et la mettant au service de la création de valeur.
Ces grandes entreprises font de la maintenance de leurs biens un élément crucial de leur modèle économique. Le bien physique est devenu le capital de l’entreprise. Une meilleure gestion des ressources est opérée, entraînant une stabilisation de la croissance.
La société, et particulièrement la génération Z, adopte très facilement ce modèle du tout service fondé sur le partage. La consommation se fait responsable, fondée sur la réutilisation de ce qui existe déjà et avec une durée d’usage des produits plus étendue. La jeunesse ne revendique pas la notion de propriété, ce qui questionne l’Etat quant à la conduite à tenir concernant la notion de patrimoine et d’héritage.
Hypothèse contrastée : Des modèles économiques locaux
L’Etat est centralisateur et coordinateur d’initiatives territoriales urbaines, fondées sur les principes de l’économie de la fonctionnalité mais dont les tonalités sont diverses.
Des initiatives se font au niveau industriel, très urbain, avec des grandes entreprises qui créent de la valeur par le biais de services fortement fiscalisés et réglementés par l’Etat. Ces entreprises fonctionnent avec une logique territoriale, en autonomie circulaire, collaborant de manière intensive avec les acteurs locaux. Elles maintiennent leur patrimoine physique pour en augmenter la durée de vie et la valeur d’usage.
Pour contrecarrer la forte présence de l’Etat au sein de cette logique urbaine, un niveau plus coopératif et moins formel, davantage dans les sphères rurales, se met en place. La valeur prend alors une forme de partage plus direct de biens et de services via des dons, contre-dons, du troc… entre entreprises de petites tailles, mais aussi entre individus. Les entreprises de ces milieux ruraux constituent de nouvelles plateformes émergentes. Les échanges fonctionnent également à une échelle locale, en autonomie circulaire, mais la nature même de ces échanges fait qu’ils échappent à une réglementation et une formalisation par l’Etat. Ce dernier n’intervient que pour s’assurer que l’urbanisation de la France ne gomme pas les possibilités existantes dans la ruralité.
Hypothèse de rupture : Un retour aux sources
Le risque de pénurie des ressources avait été maintes fois reconnu, mais les entreprises et la société n’avaient pas suffisamment envisagé son ampleur. Une mauvaise gestion des ressources naturelles a généré une crise énergétique qui contraint le monde économique à repenser les fondations de la valeur générée, ainsi que son architecture et sa capture.
Le nouveau système est fondé sur des individus devenus producteurs de la valeur, où l’entraide, le troc physique et numérique deviennent les clés des échanges. Ces derniers, ainsi que la gestion des ressources, s’effectuent au niveau local, les biens, services et ressources s’échangent en proximité exclusivement. De multiples bassins d’entraide se mettent en place.
Chaque individu possède des talents et expertises spécifiques. Peu d’entreprises sont présentes mais elles sont de taille conséquente et prennent la forme de market places préemptant les talents en présence.
L’Etat n’intervient que par un revenu universel, pour assurer la survie aux individus, face à un emploi peu conséquent et une présence des robots accrue au sein des quelques grandes entreprises encore présentes. L’humanisation des robots est en cours.