Amont / aval

Supply chain, BtoBtoC

Hypothèses

Durant 2 ateliers d’une journée, l’ensemble des 12 dossiers prospectifs a été présenté aux membres du groupe qui pouvaient les commenter et les compléter. A partir des éléments du dossiers, les hypothèses d’évolution des macro-variables ont été construites collectivement en distinguant :

 

  • Les hypothèses tendancielles : qui renvoient aux dynamiques en cours.
  • Les hypothèses contrastées : qui reprennent les incertitudes, les controverses, les germes de changement.
  • Les hypothèses de rupture : qui renvoient aux ruptures.

 

 

Hypothèse tendancielle : Distribution numérique et multicanale
 

La tendance actuelle d’un effacement de la distinction amont/aval et de la position centrale des plateformes numériques devient le modèle dominant. L’investissement des plateformes numériques dans l’amont de la chaîne (ex. Amazon) est confirmé. Ainsi les plateformes deviennent des centres logistiques et commerces qui coordonnent l’ensemble de la supplychain. La coordination de la supplychain est donc centralisée au niveau d’un ou plusieurs acteurs dominants (grands industriels ou distributeurs selon le secteur). L’enjeu de traçabilité-sécurité se renforce et implique la responsabilité de ces acteurs dominants.

Les PME/PMI n’ont pas cette position de coordinateur. Toutefois elles participent à la sécurisation et à la traçabilité de la supplychain par un investissement conséquent dans les nouvelles technologies (ex. blockchain généralisée pour la traçabilité). Cet investissement se fait plus globalement pour optimiser la supplychain au niveau de l’entrepôt (ex.), du transport (ex. drone) et de l’ensemble du processus (ex.). 

Les PME/PMI investissent également davantage dans la digitalisation du commerce, pour avoir leur propre canal de vente en dehors des plateformes numériques. Elles rattrapent ainsi leur retard pour satisfaire la demande de leurs acheteurs et développer un service digital. Ainsi le modèle « phygital » se normalise et devient dominant. Les plateformes numériques elles-mêmes sortent du « tout digital » pour proposer des solutions à partir d’un magasin physique (ex : achat de Whole Foodspar Amazon). Le produit physique n’aura jamais été aussi important qu’avec la digitalisation du service. 

Enfin, les acteurs de la distribution font appel à des modes de transport multiples pour le cheminement d’un même produit avec une combinaison de distribution directe, sous-traitée ou en crowdlogistic (modèle multicanal). Les progrès technologiques ont favorisé ce modèle avec des modes de transports variés dont principalement électriques par un souci écologique et de prix du pétrole. Pour autant, l’optimisation de la supplychain dans une distribution globalisée entraîne l’utilisation de transports polluants et de méthodes sous-optimales vis-à-vis de l’environnement. 

 

 

Hypothèse contrastée : circularité et coordination locale partagée 
 

A nouveau la distinction amont/aval disparaît mais cette fois au profit d’une distribution locale circulaire et partagée par l’ensemble des acteurs. L’économie circulaire devient le modèle dominant, la distribution évolue à l’échelle locale avec une coordination partagée par l’ensemble des acteurs de la chaîne de valeur et ainsi un rôle plus important des industriels de la région Est sans pour autant une prise de contrôle.

Ce modèle s’accompagne d’une perte de confiance du numérique et de l’IA au profit de la place de l’humain et de l’interaction dans l’économie réelle. Ainsi, les entreprises diminuent voire désinvestissent leur implication dans la technologie de l’IA pour renforcer le rôle des hommes dans la gestion de la supply chain (entrepôts, transport). De même que les investissements dans les technologies assurant la traçabilité (type blockchain) sont devenus moins importants avec une distribution locale plus facile à contrôler. Ce désinvestissement s’observe aussi dans l’axe commerce de la distribution avec un retour à des magasins physiques indépendants des grandes multinationales. Le retour à une économie locale circulaire encourage la multiplication des magasins indépendants et affaiblit la position des grandes entreprises du numérique et des grands groupes de distributions. Le phygital reste un modèle possible mais l’on peut supposer que son apparition est moindre en raison des moyens plus modestes des acteurs indépendants.

Enfin, la distribution-livraison par des moyens écologiques se renforce jusqu’à devenir le modèle dominant. Dans une économie locale (vs. Mondialisation) il n’y a plus besoin du modèle multicanal et la priorité est l’optimisation du transport écologique. Par conséquent le modèle du crowdlogistic devient plus important car il permet la gestion optimisée des flux dans une logique écologique (e.g. utilisation des vélos des individus, leur voiture électrique, etc.). Cependant, ce modèle domine la partie « aval » de distribution au consommateur final mais pas encore la partie « amont » d’approvisionnement avec des volumes trop importants. 

 

 

Hypothèse de rupture : Individualisation de la distribution 

 

La prise de pouvoir du consommateur s’intensifie. Alors qu’il était déjà au centre de la distribution (ex. consom’acteur par son choix entre différents modes d’achat et différents modes de livraison, sa satisfaction qualité basée sur le contact livraison ou commerce), il devient acteur de la gestion des flux.  

Les multiples crises liées à la suprématie des grandes multinationales et du numérique ont entraîné une perte de confiance et une volonté plus forte des individus d’être en capacité d’agir. Pour cela, ils appuient sur le retour à une économie et une distribution locales qu’ils sont en mesure de contrôler. Cela passe par le détournement vis-à-vis des grandes multinationales, dont les plateformes numériques, et le renforcement des acteurs régionaux indépendants, dont les industriels. Sous le modèle du circuit court dans l’alimentation, le contact direct entre fournisseurs et consommateurs devient la norme. 

Ce phénomène entraîne une (quasi)disparition des plateformes numériques qui ne sont plus nécessaires, ni souhaitées par les consommateurs. Cela induit aussi la disparition des intermédiaires de type grossiste, PSL puisque désormais l’acheminement des matières premières et des produits finis se fait par les individus eux-mêmes via la crowdlogistic.

Le modèle de crowdlogistic est devenu dominant en raison de deux facteurs. Premièrement, la localisation de la distribution facilite l’approvisionnement et la distribution finale par des moyens de transport de taille moyenne utilisés par les ménages (voitures, vélos, camionnette, etc.). Deuxièmement, les entreprises ont fortement investi dans l’imprimante 3D ou autre technologie permettant une production individualisée qui évite le gaspillage. Ainsi les volumes, dès la production, sont beaucoup moins importants et permettent l’utilisation des ressources déjà existantes tel que les garages ou caves pour entreposer. La crowdlogistic devient donc dominante car elle permet une gestion optimale de la supplychain avec une logique écologique de réutilisation des ressources (logistiques) déjà existantes.  

L’usage de la technologie est par contre limité pour le service de distribution finale en raison de la méfiance susmentionnée. Le retour aux magasins « physiques » se fait uniquement à l’échelle locale/régionale.

Amont / aval La suite

Onglet suivant