S3 : Crises, relocalisation & obsolescence de l’ubérisation

Description générale 

 

Des consommateurs inquiets en recherche de frugalité et de consommation de proximité.

D’ici à 2030, en France, la plupart des consommateurs ont modifié en profondeur leurs comportements d’achat : ils ont abandonné la course à la consommation caractéristique des premières décennies 2000 dans un contexte de crise. Le niveau de la consommation recule par rapport aux années 2020 et se recentre sur le local du fait de la prise de conscience des risques qui pèsent sur la santé, l’environnement. De plus avec la multiplication des catastrophes technologiques, des cyberattaques (santé, nucléaire, hackage de la blockchain ...), leur méfiance est très forte vis-à-vis de la digitalisation incontrôlée de la société.

 

L’industrie 4.0 contrainte par des politiques régionales de relocalisation centrées sur l’emploi et financées par l’épargne de précaution.

Dans un contexte de tensions géopolitiques durant toute la décennie, les flux commerciaux se recentrent par grandes zones économiques : Europe, Amériques, Asie. Le chaos est d’autant plus important sur le continent européen que l’Europe politique est très affaiblie par des crises institutionnelles majeures.

Ce sont ainsi les États et les régions qui prennent le relais. Mais les politiques de soutien de la transformation digitale diminuent au profit du maintien des emplois locaux et incitent les grandes entreprises industrielles à intégrer dans leur développement les PME du territoire dans une logique d’économie circulaire avec une production orientée vers l’unité et le local.
L’épargne de précaution en forte augmentation durant cette période de crise constitue une autre source de financement. Elle est désormais placée pour une part significative sur des fonds mettant en avant la relocalisation des activités productives des entreprises petites et moyennes au bénéfice de l’emploi à l’échelle locale.

Dans ce contexte de crise, les grands groupes et les PME, en s’appuyant sur ces financements privés, orientent leurs démarches de digitalisation sur les processus internes de production non pas dans une optique de standardisation, mais au contraire pour développer des petites séries au sein d’unités réduites et répondre ainsi aux fortes exigences des consommateurs en termes de prix, de qualité et de proximité. Cette dynamique de relocalisation a des effets positifs sur l’évolution de l’emploi industriel qui après des décennies de décroissance en France voit ses emplois directs et induits progresser légèrement dans certaines régions.

 

Un affaiblissement continu du modèle des plateformes qui renverse le rapport de force au profit des industriels

L’augmentation de la cybercriminalité a concerné des entreprises de toutes tailles avec des impacts importants : détournement de sommes d’argent, vols de données stratégiques et de données personnelles à grande échelle. Dans ce contexte, les industriels décident d’investir massivement en matière de cybersécurité et se tournent vers des clouds privés et partagés au sein d’écosystèmes choisis. Ils parviennent ainsi à renverser le rapport de force vis-à-vis des plateformes numériques qui constituaient jusque-là les principaux intermédiaires.

Au total, en France, au cours de la décennie, avec le fléchissement de la consommation, la forte perte de confiance des consommateurs et leur attention à leur environnement local, les plateformes mondialisées sont très affaiblies. Une hyperconcurrence se développe entre elles ce qui tend à affaiblir leurs marges et l’efficacité de leurs modèles d’affaires, provoquant la disparition régulière des principaux acteurs.
Par ailleurs, les circuits directs producteurs-consommateurs se développent permettant une meilleure maitrise des coûts et des prix dans ce contexte de fléchissement de la consommation. La distribution se relocalise en partie à l’échelle des territoires via des plateformes de crowdlogistic mieux acceptées par les consommateurs et via le maintien de la distribution physique plus rassurante sur certains segments comme l’alimentation.

Macro-variables Hypothèses
Attentes et comportements du consommateur / citoyen On assiste à une diminution drastique de la consommation: la consommation n’est perçue que comme un moyen de survie. La frugalité devient la norme. La décroissance se généralise et les individus acceptent une forte baisse de leur pouvoir d’achat avec un niveau de vie qui revient à celui d’il y a un siècle. En outre, le monde virtuel pallie aux besoins physiologiques et psychologiques.
Modèles économiques Le système économique a été repensé à marche forcer dans un contexte de crises énergétiques et environnementales. Le nouveau système donne une place plus importante aux individus devenus producteurs de la valeur qu’ils monnaient au niveau des entreprises et/ou dans des circuits , où l’entraide, le troc physique et numérique sont clés. Les entreprises sont dans la plupart des cas devenues des market places préemptant les talents en présence. La gestion des ressources s’applique au niveau local. L’Etat n’intervient que par un revenu universel.
Régulations Europe En raison de son manque d’efficacité, l’UE perd du pouvoir et la règlementation se pense désormais au niveau mondial (OCDE). L’UE et la Chine/Asie s’allient contre les EU pour faire passer des réglementations contraignantes au niveau des GAFAM et pour l’environnement. La réglementation internationale de la fiscalité des activités numériques est initiée par l’OCDE et appliquée désormais à l’échelle internationale. De même que pour la RGPD et la régulation de l’IA. La politique environnementale se renforce grâce à l’alliance de la Chine avec l’UE. 
Données (IA, Big data, IoT) Des catastrophes technologiques et la multiplication de cyber-attaques entraînent une rébellion généralisée vis-à-vis des plateformes et du partage de données. Les entreprises utilisent leur propres clouds et renverse le rapport de force par rapport aux plateformes. Les problèmes de sécurité et les conflits entre acteurs (problème d'interopérabilité) entraînent un faible développement du marché de l’IoT et du big data. 
Interactions (Blockchain, BOT) La technologie BC est remise en cause suite à un hackage ce qui induit une perte de vitesse de l’ensemble des applications liées (token, cryptomonnaies, smart contracts). Cela implique un statu quo auprès des acteurs traditionnels et des plateformes qui voit la menace BC s’estomper. Développement de BOT personnalisables grâce aux évolutions de l’IA et à l’informatique quantique.  
Acteurs de la numérisation (Géants internet, plateformes numériques, start-ups)  Le modèle des plateformes s’avère insuffisamment rentable, provoquant la disparition régulière des principaux acteurs : invalidation du modèle uber, plateformes d’origine chinoises (Alibaba, etc) ne se développent pas, concurrence entre plateformes exerçant une pression sur les marges. 
Amont / Aval Perte de confiance des consommateurs envers les grandes multinationales. Retour à une économie et une distribution davantage locale cogérée par des acteurs régionaux indépendants. Les plateformes numériques s'affaiblissent du fait d'un contact plus direct entre le fournisseur et le consommateur. Les industriels renforcent leurs positions et développent la crowdlogistic sur l’ensemble de la chaine de distribution (gestion des flux écologique). La part de la distribution physique se maintient dans certains secteurs voir se développe. 
Situation économique et financière Une crise financière durable est due à l’explosion des bulles financières (notamment sur les dettes obligataires sur les obligations des États). Pour y faire face, de nouveaux systèmes économiques se développent de façon indépendante des États (monnaies alternatives). La blockchain se démocratise et les cryptomonnaies se développent à côté du système financier classique qui perdure. 
Politiques de soutien à la transformation digitale Le « negative hype » est si important au sujet des effets néfastes de la digitalisation que les politiques de soutien de la transformation digitale sont  stoppées au profit du maintien des emplois. L’efficacité des modèles de recherche public-privé est aussi remise en cause. Les programmes pour la recherche et l’innovation ne soutiennent plus le développement de technologies telles que la robotisation et l’IA. 
Modes de production Les modes de production sont ici tournés vers la demande, fondés sur l’adaptation. Les ressources humaines sont considérées comme des « consommables », les entreprises ayant adopté une très forte flexibilité sur la production et un cadre du travail moins strict.
Industriels et politiques européennes  Dans un contexte d’affaiblissement du modèle chinois (guerre économique avec les EU, concurrence des pays à moindre coût, fuite des cerveaux), l’Europe diminue ses échanges avec la Chine, se recentre sur ses pays voisins pour les échanges économiques et prend en compte les dimensions environnementales et sociales pour développer en particulier l’économie circulaire.
Métiers et formation La  recherche d’anticipation des besoins en compétences difficile à prévoir est déléguée aux acteurs externes. Les cols bleus, en intégrant les nouvelles technologies, maintiennent la valeur de leur expertise dans la production. Le travail devient moins pénible et facilite le maintien ou l’accès à l’emploi. Perte de crédit des acteurs traditionnels de la formation qui doivent se transformer. Des travailleurs indépendants se positionnent sur l’ensemble de la chaine de valeur en fonction de sa contribution et sont coordonnés par les fonctions support.

 

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