Hypothèses
Durant les ateliers, l’ensemble des 11 dossiers prospectifs a été présenté aux membres du groupe qui pouvaient les commenter et les compléter. A partir des éléments du dossiers, les hypothèses d’évolution des macro-variables ont été construites collectivement en distinguant :
- Les hypothèses tendancielles : qui renvoient aux dynamiques en cours.
- Les hypothèses contrastées : qui reprennent les incertitudes, les controverses, les germes de changement.
- Les hypothèses de rupture : qui renvoient aux ruptures.
Hypothèse tendancielle (H1) : La froide entente ou « Too big to fail »
Après la réélection de Donald Trump en 2024, les États-Unis continuent de dominer le leadership global, malgré une montée en puissance des blocs régionaux. La Chine annexe « pacifiquement » Taïwan, et la Russie fait de même avec le Donbass, maintenant ainsi un équilibre de paix fragile. Cependant, les tensions avec les restent présentes, amplifiant les incertitudes géopolitiques. Dans ce contexte mondial multipolaire, le protectionnisme et le populisme se renforcent en raison de l'incertitude croissante.
L'Union européenne renforce sa position de leader en matière d'écologie en mettant en place une taxe carbone aux frontières d'ici 2030 et en augmentant les barrières commerciales pour protéger ses industries. La réindustrialisation et les investissements en réarmement sont encouragés, mais ces initiatives font face à des difficultés de financement et à une augmentation de la dette. Le modèle économique global reste orienté vers un « business as usual » malgré la pénurie de matières premières et une consommation plus sobre.
Le commerce global demeure ouvert, mais avec plus de barrières douanières justifiées par des politiques écologiques et sociales. La mondialisation recule quelque peu, mais elle reste un cadre à préserver dans une « entente froide » entre nations. La demande croissante des investisseurs et des consommateurs pour des pratiques circulaires pousse les entreprises à adopter des modèles durables.
En somme, le modèle de croissance de la mondialisation persiste dans un climat de froide entente, avec un équilibre précaire entre protectionnisme et coopération internationale. Cette dynamique influence fortement les politiques économiques et industrielles, tout en soulignant l'importance croissante des initiatives écologiques et durables.
Hypothèse contrastée (H2) : Transition mondiale, leadership contesté et défis économiques européens
Les États-Unis continuent de dominer le leadership global, bien que leur position soit contestée par une montée en puissance des blocs régionaux et des revendications croissantes de la jeunesse chinoise cherchant à renverser le pouvoir, marquant un « printemps chinois ». La Chine poursuit son expansion via la route de la soie, tandis que l'Iran s'affirme en tant que puissance régionale nucléaire. En parallèle, les revendications africaines deviennent plus importantes, reflétant un équilibre de polarisation vers des blocs régionaux.
L’Europe est marquée par la montée en puissance de l'extrême droite et par un élargissement de l'Union Européenne. La centralité et l'indépendance de l'UE diminuent, affectant sa position sur les plans politique et économique. La région souffre d'une perte de puissance économique et d'une dépendance stratégique croissante. La réindustrialisation par le protectionnisme est encouragée, mais la démographie et la dette pèsent lourdement. Le retrait prématuré des stimuli fiscaux limite les capitaux disponibles pour des investissements verts, entravant les réformes structurelles nécessaires.
Sur le plan global, les réserves de pétrole sont estimées en baisse de 50%, accentuant la gestion protectionniste des ressources. Les guerres commerciales se multiplient, avec un protectionnisme fort entre sphères d'influence, mais une relative ouverture entre blocs. Les pénuries alimentaires et la dépendance croissante à l'importation entraînent une hausse des prix, affectant particulièrement les agriculteurs.
En somme, la dynamique mondiale évolue vers un leadership multipolaire marqué par des tensions croissantes, une Europe en réajustement stratégique et une gestion protectionniste des ressources, façonnant l'économie mondiale et les politiques industrielles futures.
Hypothèse de rupture (H3) : Crises régionales et fragmentation économique mondiale
Dans un monde où les tensions régionales atteignent un niveau sans précédent, le conflit entre la Chine et Taïwan prend une ampleur critique, plongeant la région dans des crises économiques majeures. Cette escalade attire dans son sillage des acteurs clés tels que le Japon et les États-Unis, alimentant ainsi des instabilités à l'échelle mondiale. Parallèlement, des fissures se forment au sein des alliances traditionnelles, avec des pays qui décident de quitter l'OTAN et une Union européenne en proie à une désintégration progressive.
Cette fragmentation régionale est exacerbée par la Chine, qui décide de fermer son marché des matières premières tant à l'UE qu'aux États-Unis. Ces manœuvres alimentent les tensions au sein des BRICS, rendant les ensembles régionaux de plus en plus hostiles envers la Chine. Cette reconfiguration des blocs régionaux, associée à des facteurs tels que la diminution de la population africaine et l'expansion de l'UE au Moyen-Orient, perturbe profondément l'équilibre géopolitique établi.
L'Italie, confrontée à une situation économique désastreuse, se retrouve dans l'impasse de la faillite, entraînant ainsi une cascade de répercussions au sein de l'eurozone et de la dette européenne. Cette crise affaiblit davantage l'UE, poussant cette dernière à rechercher l'autonomie en matières premières et en technologies. Cependant, cette quête se heurte à une tendance croissante vers l'autarcie, chaque nation privilégiant ses propres ressources.
Dans ce paysage en mutation rapide, la technologie chinoise éclipse progressivement celle des États-Unis, tandis qu'une cryptomonnaie émerge en tant que remplaçante potentielle du dollar en tant que monnaie mondiale dominante. Cette dynamique de conflits croissants et de coopération internationale réduite façonne une économie mondiale fragmentée, où les nations adoptent des modèles d'autarcie et entretiennent des alliances régionales en constante évolution.
La fermeture des marchés, la rivalité technologique et les nouvelles dynamiques de puissance redéfinissent les relations internationales, marquant ainsi le début d'une ère caractérisée par des conflits intenses et des transformations géopolitiques majeures. Dans ce contexte en perpétuelle évolution, la quête d'autonomie des blocs régionaux se confronte à des réalités économiques et politiques complexes, faisant émerger un monde multipolaire en constante redéfinition.