Hypothèses

Durant les ateliers, l’ensemble des 11 dossiers prospectifs a été présenté aux membres du groupe qui pouvaient les commenter et les compléter. A partir des éléments du dossiers, les hypothèses d’évolution des macro-variables ont été construites collectivement en distinguant :

 

  • Hypothèse tendancielle (H1) : Transition numérique et écologique en tension
  • Hypothèse contrastée (H2) : Un lien renforcé entre technologie et écologie et un regain de souveraineté énergétique européenne
  • Hypothèse de rupture (H3a) : Des Innovations Technologiques au service des villes vertes intelligentes
  • Hypothèse de rupture (H3b) : Ralentissement technologique dû à la méfiance de l’opinion et aux tensions énergétiques

 

 

Hypothèse tendancielle (H1) : Transition numérique et écologique en tension


La croissance des technologies numériques soutien en partie la transition vers l'économie circulaire en améliorant notamment l'efficacité des processus de production et en permettant l’industrialisation et l’optimisation des procédés de recyclage. Cependant, ces technologies engendrent également une pollution numérique non négligeable et provoquent ainsi un effet rebond, accroissant la consommation des ressources. Il y a ainsi globalement une prise de conscience que les économies tant attendues des technologies en matière d'économie circulaire sont annihilées par les effets rebonds de ces mêmes technologies, comme par exemple l'augmentation des données énergivores nécessaires pour alimenter l'intelligence artificielle. 
Malgré les promesses d'efficacité à long terme, la 5G et l'interopérabilité industrielle aggravent cette consommation à court avec l'intensification des réseaux Wi-Fi à courte portée (Bluetooth) qui sont devenus des technologies standard. Par ailleurs, le travail à distance se généralise via un effet post Covid et entraîne un développement massif de la virtualisation et de l’informatique diffuse. Cette évolution rapide induit des initiatives réglementaires en faveur d’approches "jumelée" visant à minimiser l'impact environnemental des technologies tout en exploitant leur potentiel pour soutenir la transition vers une économie circulaire voient le jour mais peinent à obtenir des résultats concrets.
Dans un contexte de dépendance croissante de la France et l'Europe aux matières premières, les recherches sur les matériaux biosourcés et biodégradables se développent afin de trouver des alternatives durables aux plastiques conventionnels. La part des bioplastiques augmente ainsi sensiblement mais reste encore marginale compte tenu de sa faible compétitivité économique par rapport au plastique conventionnel et à la rareté des filières de recyclage dédié.
D’un point de vue énergétique, l’électrification des procédés entraîne une hausse sensible de la consommation électrique couvert par un mix énergétique toujours dominé par le nucléaire mais avec une forte poussée des ENR. 

 

 

Hypothèse contrastée (H2) : Un lien renforcé entre technologie et écologie et un regain de souveraineté énergétique européenne


Les technologies numériques (en particulier l’informatique pervasive, l'IA et la blockchain) jouent un rôle clé dans l'économie circulaire en optimisant la consommation énergétique, la traçabilité de l'impact carbone et l'amélioration des cycles de vie des produits. Le développement de l’usage de ces technologies entraîne néanmoins des problèmes de confiance qui nécessitent la mise en place de régulations (IA trust) et des investissements importants en matière de cybersécurité. 
Les innovations technologiques éco-responsables sont évaluées sur leurs impacts globaux, tant environnementaux que sociaux. De nouvelles normes et mesures sont ainsi misent en application telles que la création d'un indice de pollution numérique à faire payer aux entreprises selon leur consommation technologique, et la limitation de l'impact environnemental des data center grâce à de nouvelles lois qui les poussent à limiter leurs impacts (projet « Fit-for-55 »). Toutes ces alternatives s'accompagnent d'une vraie évolution des valeurs et d’une philosophie sociétale (moins d'avoir, plus d'être) que l’on retrouve dans l'Industrie 5.0, qui aligne les innovations avec l'inclusion de l'humain et son environnement.
L’avancée des recherches en matière de bioplastique combinée au développement de filières de recyclage dédiée entraîne un développement important de la production mais entraîne également des résistances de certains acteurs qui mettent en garde la tension que cela entraîne sur les terres agricoles.
Le développement de nouvelles technologies dans le nucléaire (EMR, génération IV) et dans les ENR (modules photovoltaïques à ultra-haute performance, pales à très large envergure et faible vitesse) permet à l’Europe de reconquérir une forme de souveraineté énergétique et de faire face à l’électrification des usages en particulier des process thermiques accompagnant la décarbonisation de l’industrie.
 

 

Hypothèse de rupture (H3a) : Des Innovations Technologiques au service des villes vertes intelligentes 


Des innovations technologiques permettent le développement d’outils efficaces pour agir sur les processus d’EC. En particulier les usages sont optimisés grâce au couplage efficace de l’IA, de l’IoT et de la Blockchain rendu possible par l’arrivée à maturité de l’informatique quantique. Ces technologies sont soutenues par une plus grande ouverture des données grâce à des initiatives législatives de types Data Act mais aussi davantage contrôlées quant à leur durabilité  (règles d'éco-conception et d'étiquetage énergétique pour les smartphones et tablettes par exemple). 
Des solutions nouvelles se développent autour de ces technologies en matière de bioéconomie et de villes vertes intelligentes.  Ces dernières visent une forme d’autonomie alimentaire et énergétique, et une gestion optimisée des ressources à l’échelle de la ville. Elles produisent des cultures et des déchets pour alimenter la bioéconomie et utilisent massivement les bioplastiques qui, grâce aux recherches sont devenus économiquement compétitifs et ne nécessitent plus l’usage de terres agricoles.
Le développement de ces villes nouvelles, entraîne un mouvement global de décentralisation de la production électrique à travers notamment le développement de petits réacteurs modulaires (SMR à moins de 300 MW) qui parviennent à réduire les coûts de production. En dehors de cette production décentralisée, le nucléaire se développe également par la mise en service des réacteurs à cycle fermé permettant de produire peu de déchets. Les centrales globalement tire les bénéfices d’innovations en matière de numérisation, d’usage de digital twins et de robotisation. Elles parviennent ainsi à augmenter leur flexibilité, à améliorer leur maintenance et à réduire leurs coûts. Les ENR sont également en développement afin de répondre aux besoins d’indépendance énergétique aux échelles locales. 
 

 

Hypothèse de rupture (H3b) : Ralentissement technologique dû à la méfiance de l’opinion et aux tensions énergétiques


L’essor des technologies subit une perte de vitesse sous la conjonction de différents facteurs. D’une part les citoyens et les consommateurs sont de plus en plus méfiants suite à des hacking importants sur des données sensibles et à la multiplication d’études décrivant leurs effets néfastes sur la santé (wifi, 5G). Les programmes d’IA en particulier se voient freiner par des bavures intervenues en matière d’armement doté de ce type de technologie et que des activistes ont rendus publique. La mise en œuvre notamment à l’échelle européenne, d’initiatives en matière d’autonomie des programmes d’IA (de type IA Trust) ne parvient pas à rassurer les opinions publiques.
Par ailleurs, les technologies comme la blockchain ou l’IOT se voient fondamentalement remises en cause du fait de leur caractère énergivore dans un contexte de grandes tensions sur les ressources et sur les productions d’énergies. Suite à un accident majeur, la part du nucléaire dans le mix énergétique baisse drastiquement mais ne parvient pas à être compenser par le développement des ENR, impliquant ainsi une forte tension sur la production énergétique et la mise en sommeil des programmes d’électrification de l’industrie. 
Dans ce contexte, les investissements des industriels en matière d’innovations technologiques se concentrent sur la cybersécurité relayant au second plan le développement d’outils dédiés à la mise en œuvre de démarche d’EC. Dans un contexte de grande difficulté d’accès au matières premières et à l’énergie, les efforts en matière d’EC se concentrent majoritairement sur le recyclage et l’optimisation de ressources mais en utilisant les technologies de manière très secondaire.
 

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